Publié le : 14 juillet 20206 mins de lecture

Le 10 juin dernier, comme tous les jeudis, se tenait une conférence au Musée des Arts et Métiers : regards croisés artistes & scientifiques. La littéraire dévoyée et passionnée de geekeries que je suis s’y est rendue. Il faut dire que le programme était alléchant : « hacking, recherches, transdiciplinarité et création à la marge ». Comme beaucoup, j’avais l’image du hacker-pirate, qui s’introduit plus ou moins légalement dans les systèmes informatiques pour dénoncer les failles du Pentagone, des banques ou des nouveaux réseaux sociaux. Mais le hacking est un peu différent de cette image de « robin des bois romantique ». Ainsi, selon les intervenants de la conférence, « le hacking est une mise en application concrète et décomplexée de cette recherche à la marge, dont les objectifs sont la transmission, la création, l’innovation, le partage et la communication. ». Concrètement, leur but est de résoudre des problèmes et d’en faire profiter gratuitement le plus grand nombre. Le terme hacker est alors utilisé dans une acception très large, c’est-à-dire quelqu’un qui conteste intellectuellement les limites d’un système.

Voleurs de caddies

Un exemple : Le projet Consumers BGone. Plusieurs grandes surfaces équipent leurs caddies de système anti-vol (fort nécessaire quand on connaît le nombre de caddies volés qui encombrent les rues de nos belles villes !!). Lorsque le caddie sort du périmètre établi, le petit émetteur dont il est équipé bloque les roues de l’engin… Le voleur ne peut donc plus manœuvrer aussi facilement. Le but est qu’il abandonne le caddie et soit empêché de commettre son délit. Terrible délit s’il en est… Le problème, c’est que ce système est faillible, comme l’on prouvé les créateurs de ce projet. L’émission via un simple téléphone portable d’une fréquence adéquate débloque les roues du caddie. D’un côté une technologie chère et faillible, utilisée pour prévenir un délit somme toute peu dangereux (on peut se poser la question de savoir si le vol de caddie est un « phénomène de société » si important qu’il faille dépenser tant d’argent pour sécuriser tous les caddies d’une grande surface…). De l’autre, une solution pour débloquer les roues de l’engin, simple à mettre en place. Et ludique. Ca vous dirait de voir ce que ça donne le blocage de roues des caddies de vos concitoyens lors de leur frénésie consumériste ???? ;).

Tmp/lab : laboratoire temporaire

Afin de présenter et développer toutes sortes d’idées et de solutions … il fallait un lieu. Ben oui, Paris est la ville-lumière, mais elle ne brille pas par le nombre de hackerspaces qu’elle abrite. Le prix des loyers étant ce qu’il est, c’est à Vitry-sur-Seine que le collectif a établi sa base, entre les rails SNCF, un site Sanofi qui pue de manière aléatoire, et une belle zone industrielle tout droit sortie de vos romans cyberpunks préférés. Le lieu comme l’esprit du hackerspace se veut temporaire, d’où le nom /tmp/lab. Sur leur wiki, on retrouve cette explication :« Le nom /tmp/lab s’inspire de l’idée de permatemp, le temporaire qui reste en place — mais qui reste temporaire et nomade par nature, autant que de la culture Unix des systèmes ouverts ». On y découvre aussi les différents projets qui grandissent sur le terreau fertile du lab (Bidouillage et flashage de routeurs OpenWRT, Biodiesel expérimental, entre autres). Bonne nouvelle pour les curieux, le hackerspace est ouvert tous les jeudis, à tous et bien sur gratuitement (calendrier des conférences).

Aventure en zone industrielle

C’est donc jeudi dernier que j’ai eu le courage de traverser tout Paris sous des températures caniculaires le 8 juillet dernier, avec la rédac’ chef de L’actu à la loupe, si si !!! Nous avons raté la station de RER (il faut descendre à la station Les Ardoines), sauté des grilles, pénétré dans des parkings d’entrepôts, visité des stations de lavage de poids lourds, rebroussé chemin, puis sommes revenues sur nos pas, avons trouvé le panneau AS24, demandé notre chemin à de charmants jeunes hommes, sommes entrés chez des gens (ben quoi ??? la porte était ouverte!) et finalement, en descendant un escalier en béton presque entièrement camouflé par des buissons fleuris, nous avons découvert le hackerspace !!!! On nous a élégamment offert des bières (non, non on ne les a pas du tout réclamées, pour qui vous nous prenez ???). Et hop, on a assisté à des présentations passionnantes ! Malheureusement, la SNCF et ses horaires limités nous ont forcés à quitter le hackerspace en catimini pendant que continuait l’échange sur la biologie synthétique et le biohacking (article coming soon, NDLR). Pour couronner le tout, sur le retour, on a eu la chance et l’honneur de se faire klaxonner par des abrutis en Papamobile (il faudra un jour que je vous liste toutes les attitudes des blaireaux qui sont capables de klaxonner une fille qui marche tranquillement sur un trottoir même pas habillée en prostipute… Vous croyez franchement que la dite fille va se mettre à courir après la voiture pour stopper le gars et lui sauter au cou tellement elle kiffe ???), l’une d’entre nous a frôlé l’accident cardiaque à cause de la fourberie d’un chien de garde… Bref, une soirée que je n’oublierai pas de si tôt !!!