Depuis quelques années, on a tous constaté autour de nous un nouveau phénomène que j’appellerai les minipouffes. Des gamines qui nous arrivent à peine au genou et portent déjà des strings « comme les grandes ». Des rase-moquettes aux lèvres gluantes de gloss à la framboise ou des Suri Cruise en talons dès 3 ans. Une étude américaine publiée ce lundi dans le magazine Pediatrics pourrait contribuer à expliquer l’avènement de ces gourgandines en herbe. Elle montre en effet une baisse de l’âge du début de la puberté chez les petites filles aux États-Unis, une tendance que l’on retrouve dans la plupart des pays occidentaux. Les causes de cette puberté précoce ne font pas l’unanimité, et les risques sont encore mal connus.

De plus en plus jeunes

Plusieurs scientifiques de différentes régions des USA ont collaboré à ces recherches, pour lesquelles 1239 fillettes de 6 à 8 ans ont été suivies pendant plusieurs années. Résultat : il est de plus en plus fréquent que les seins apparaissent dès 7 ou 8 ans. Ainsi, à 7 ans, près de 17% des filles présentaient suffisamment de poitrine pour que cela soit considéré comme le début de leur puberté. Un an de plus et le taux passe à plus de 30%. Les petites afro-américaines et hispaniques auraient tendance à se développer plus vite, une différence que ne s’expliquent pas les chercheurs. Cette étude fait écho à une autre recherche similaire publiée en 1997, et qui avait révolutionné les dogmes médicaux, constatant déjà une maturation sexuelle plus prématurée que ce que laissaient penser les textes existants. Mais en un peu plus de dix ans, le nombre de puberté précoces a pratiquement doublé. Pourquoi ?

Obésité et produits chimiques

La première hypothèse des médecins pour expliquer cette évolution est l’influence du surpoids et de l’obésité, et plus particulièrement la surabondance de tissus adipeux. En effet, les cellules du « gras » contiennent des œstrogènes, les hormones qui participent au déclenchement de la puberté. Cependant, une étude danoise publiée dans le même Pediatrics l’année dernière aurait montré qu’il s’agirait plus d’un problème de mode de vie que d’indice de masse corporelle. Manger plus gras, plus sucré, faire moins de sport et être exposé à des perturbateurs endocriniens dans les plastiques ou produits de soin, voilà des facteurs qui, combinés, expliqueraient cette baisse de l’âge pubère. Plusieurs substances en particulier sont soupçonnées de contribuer à un dérèglement hormonal : les phtalates (composants plastique), les phénols (souvent présents dans les produits de beauté), les phytoestrogènes (utilisés pour lutter contre les effets de la ménopause), certains pesticides, mais aussi les hormones de croissances et les stéroïdes.

Risques physiques et psychologiques

Les risques de ces pubertés précoces sont encore mal connus, du fait de la relative nouveauté du phénomène. Les associations de lutte contre le cancer du sein craignent qu’une exposition plus longue du corps aux hormones accroisse le risque d’apparition de la maladie une fois les filles devenues adultes. Un taux plus élevé de cancers de l’utérus serait aussi à craindre, pour les mêmes raisons. Cependant aucun chiffre ne vient pour le moment confirmer ces inquiétudes. En revanche, les séquelles socio-psychologiques d’un développement sexuel prématuré sont notoires. Les filles très en avance dans l’apparition de la puberté ont fréquemment une estime de soi plutôt basse, des troubles de l’alimentation, et des difficultés scolaires. Certains scientifiques affirment même qu’elles auraient une tendance au dessus de la moyenne aux grossesse précoces et tentatives de suicides, et qu’elles seraient plus susceptibles d’être victimes de violences physiques et sexuelles. Précisons toutefois que ces théories ne font pas l’unanimité, et qu’il n’existe pas encore de base de données suffisante pour les valider ou les réfuter. Les enfants suivies à travers les États-Unis resteront sous l’œil attentif des chercheurs les cinq prochaines années, notamment pour tenter de déterminer les causes exactes de leur maturation précoce. Des tests dans le sang et les urines devraient aider à connaître la part de responsabilités des perturbateurs endocriniens présents dans l’environnement et les produits de consommation. Reste qu’encore une fois, le mode de vie occidental est pointé du doigt. En effet, manger de manière plus saine et pratiquer une activité physique régulière permettrait certainement de réduire le nombre de pubertés précoces.